Depuis le 1er janvier 2017, l’usage des pesticides par les communes est interdit pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries (sauf cimetières, stades clos et exceptions de sécurité). Leur utilisation par les particuliers est également interdite depuis le 1er janvier 2019.
L’EPTB Gardons anime depuis 2011 un réseau de collectivités sans pesticides sur le bassin versant des Gardons et les accompagne dans leurs démarches de réduction ou de suppression de l’usage des pesticides sur les espaces publics.
Cette démarche passe par un diagnostic des pratiques et des espaces gérés, les contraintes qu’ils rencontrent et la définition par les agents et les élus d’une gestion différenciée : fleurissement et esthétique soignée des lieux les plus utilisés et prestigieux, gestion plus extensive et naturelle d’espaces plus communs. Dans tous les cas, une flore méditerranéenne, adaptée au sol et au climat et économe en eau est privilégiée.
Remettre à plat et repenser la gestion des espaces est nécessaire à l’arrêt des pesticides : il conviendra de moins désherber, et de le faire mécaniquement, ce qui est plus long et difficile. La communication auprès des habitants est fondamentale : les espaces publics vont changer d’aspect, et pour certains lieux (le cimetière en particulier), cela peut soulever des incompréhensions et des réactions négatives. Il s’agit d’expliquer la démarche pour la faire accepter et pour donner envie aux jardiniers amateurs (gros consommateurs de pesticides) de s’inspirer des bonnes pratiques des personnels communaux !
Plus de 50 Communes des Gardons y parviennent, avec accompagnement ou en démarche propre. 20 d’entre elles n’utilisent plus aucun pesticide de synthèse (données fin 2016), et 12 ont obtenu un label régional ou national (démarches zéro phyto et Terre saine).
L’EPTB Gardons propose des outils pédagogiques à destination du grand public : livrets de jardinage, kits d’articles, organisation de conférences-débats ou d’intervention dans les écoles,…
L’agriculture gardoise emploie 6 % des actifs du département : l’essentiel de son activité est issue de la vigne, des fruits et des légumes. Les activités d’élevage sont peu développées à l’échelle du bassin versant, à trois exceptions près : élevages de poulets en Uzège-Gardonnenque, quelques manades de taureaux en Gardonnenque et Bas-Gardon et des élevages de chèvre ou de moutons en Cévennes (Pélardon en Vallée française).
Les cultures conventionnelles font appels à des produits phytosanitaires (principalement des herbicides en viticulture sur le bassin versant), il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans les écosystèmes aquatiques.
Dans le cadre de l’orientation fondamentale 5D « Lutter contre la pollution par les pesticides par des changements conséquents dans les pratiques actuelles », le SDAGE identifie le bassin versant des Gardons comme sous bassin nécessitant des mesures pour restaurer le bon état et contribuer à la réduction des émissions au titre du programme de mesures 2016-2021 (Carte 5D-A).
Deux masses d’eau souterraines affleurantes nécessitent des mesures pour restaurer le bon état et contribuer à la réduction des émissions au titre du PDM 2016-21 (Carte 5D-B) :
Dans le cadre de l’orientation fondamentale 5E « Evaluer, prévenir et maîtriser les risques pour la santé humaine », le SDAGE liste les « captages prioritaires pour la mise en place de programmes d’actions vis-à-vis des pollutions diffuses nitrates et pesticides à l’échelle de leur aire d’alimentation » (Carte et Tableau 5E). A l’échelle du bassin versant des Gardons, il identifie les captages suivants :
Plusieurs masses d’eau du bassin versant des Gardons sont donc sensibles à la pollution, essentiellement par les pesticides. La profession agricole et les partenaires se sont très fortement mobilisés :
Les agriculteurs des communes d’Estézargues et de Domazan (cave coopérative et domaines privés) sont engagés depuis une dizaine d’années dans des démarches innovantes de diminution d’utilisation des pesticides. Cette démarche est soutenue par l’Agence de l’eau, la Chambre d’agriculture et les services de l’état.
Les résultats sont mesurés par un point du Réseau de Contrôle national qui montre une évolution très positive : la qualité de l’eau est passée des classes mauvaise-médiocre à Moyenne-bonne. Il reste bien entendu des molécules présentes mais les quantités sont passées en dessous des seuils de toxicité.
L’adoption de démarches agri environnementales sur la majorité des parcelles (70% de la SAU a fait l’objet de contractualisation MAE), a eu un impact rapide et positif sur la qualité de l’eau superficielle.
Afin de poursuivre les efforts, les communes ont été volontaires pour tester à grande échelle la réalisation de 10 «Zones Tampon Humides Artificielles» qui permettront de capter les eaux de ruissellement et de traiter les résidus de pesticides (processus de dégradation ou captation physique et biologiques).
L’EPTB Gardons accompagne les communes dans la mise en œuvre de ce projet.